
Jérémy Lacaille, 33 ans, comparaît pour trafic de stupéfiants. De janvier à mai, il détenu, transporté et vendu de l’héroïne, de la cocaïne et du cannabis. Ainsi que du tabac de contrebande.
En détention depuis le 22 mai, il reconnaît les faits. «Et je reconnais que j’aurais mieux fait de ne pas faire valoir mon droit au silence..», ajoute-t-il. Le tribunal lui rappelle que c’était son droit.
Le 7 mai, un renseignement anonyme prévient la police de Compiègne qu’un certain Jérémy se livre au trafic de stupéfiants. L’auteur de cet appel fournit aux policiers son numéro de téléphone et précise que le suspect possède une Renault clio blanche et une Citroën Picasso grise. La surveillance commence.
Plusieurs clients le désignent comme leur fournisseur attitré
Les policiers constatent qu’il quitte parfois son domicile sur sa trottinette. Ils procèdent à un contrôle lors d’une de ses sorties au cours desquels il a des échanges furtifs avec des individus. Ce qui ressemble à du trafic. Ce jour-là, il a de la cocaïne et de l’héroïne sur lui. L’acheteur présente Jérémy comme son dealer habituel depuis quelques mois.
A son domicile, les enquêteurs découvre r cocaïne, héroïne et résine de cannabis. Il y a les numéros des acheteurs dans son téléphone. Les personnes interrogées le désignent comme leur «vendeur attitré».
«Mon voisin m’a proposé de vendre»
A la barre, le prévenu reconnaît avoir trafiqué depuis janvier, à la suite de la perte de mon emploi par intérim. «J’ai récupéré un téléphone avec une liste de clients, explique-t-il. Le téléphone fonctionnait avec une carte sim qui était renouvelée chaque mois. C’est la personne qui m’a donné la liste qui m’a fourni l’héroïne et la cocaïne, dans un premier temms. Le cannabis est venu ensuite. Puis j’ai fait les cigarettes à titre personnel.»
Son fournisseur lui avançait les stupéfiants et réclamait une part des bénéfices de la vente. «Je l’ai connu car c’etait mon voisin, dit-il. Il connaissait ma situation financière. On discutait et il m’a proposé de vendre.
C’est lui qui venait m’apporter les stupéfiants.» Cette personne, en situation irrégulière, a disparu des radars.
«Des revenus variables»
A l’époque où il a commencé le trafic, le prévenu percevait 700€ de la part de Pôle emploi. «Ça partait dans le loyer, indique-t-il. Mais il fallait aussi que je finance mon addiction au jeu.» Il vendait les produits en «petite quantité», à une quinzaine de clients.
Ce qui lui permettait, avec Pôle emploi, d’atteindre entre 2000 et 2500€ de revenus par mois. «C’est très variable, commente-t-il. Il y a des moments où je ne faisais rien.»
Lui ne consomme pas. Il a goûté au cannabis par le cannabis par le passé, mais c’est terminé. «Vendre des stupéfiants, c’est pas bien, conçoit-il. Je ne me rendais pas compte. Ces trois semaines en détention m’ont fait prendre conscience des choses.»
Depuis février, il allait chercher des cigarettes à l’étranger. 35€ la cartouche revendue 50€.
Il comparaît également pour avoir détenu des armes «de défense». «L’un me vient de mes parents. L’autre, je l’ai acheté sur internet, pour me défendre. Et un autre sur une brocante, parce que c’était un bel objet.»
Son casier compte six condamnations, dont cinq pour délits routiers, et une autre pour des faits à l’encontre de son ex-compagne.
«Monsieur a cédé à l’argent facile»
Le procureur note l’enquête fournie. L’estimation de revenus illégaux est comprise entre 21660€, «et peut-être 30000€». «Il y a trafic de tout type de produits pour tout type de publics, constate le procureur. Cette livraison à la demande permet de tou~cher toutes les catégories. Monsieur cède à l’argent facile. C’est quelqu’un qui vend de la mort et perçoit 2500€ par mois, au-delà du revenu médian. Qui ne sont pas soumis à imposition. Il a choisi de le faire.»
Il requiert vingt-quatre mois de prison dont douze mois avec maintien en détention. Avec obligation de travail et une amende de 5000€. Il requiert la saisie de ses deux voitures et de sa trottinette, ainsi que de ses vêtements de marque.
«Addict au jeu depuis l’âge de 18 ans»
Maître Mouna Taoufik, avocate de la défense, demande de ramener cette peine requise à de plus justes proportions. «Mon client souffre d’une addiction au jeu depuis qu’il a 18 ans. C’est son obsession. Tous les bars tabac de Compiègne l’ont vu jouer. Il commence à trafiquer en raison d’une dette de jeux, pas d’une dette de stupéfiants. En face, on a une liste de clients insérés, dont une aide soins. Si on veut éradiquer le trafic, il faut juger les consommateurs dans la même audience que les dealers. C’est une addiction face à une autre. Ce sont des soins dont il a besoin.»
Elle demande la restitution des vêtements et paires de chaussures saisis, «qui ne valent pas cher». «On en a vu d’autres en terme de train de vie…», considère-t-elle.
Il écope de vingt-quatre mois de prison dont seize mois avec sursis probatoire pendant deux ans. Avec maintien en détention, obligations de soins pour l’addiction au jeu, et de chercher du travail. La justice lui restitue ses chaussures et vêtements mais lui confisque ses voitures et sa trottinette.