mercredi 21 mai 2025

Marine Le Pen à Crépy-en-Valois. Une rencontre décontractée avec les adhérents RN

Ce n'était pas un meeting, mais un rendez-vous avec les adhérents du RN. Pourtant, Marine Le Pen, à Crépy, était comme en campagne.

Par Guillaume Grasset
Marine Le Pen a rencontré les militants RN à la salle des fêtes de Crépy-en-Valois. Photo : Oise Hebdo

«Quand le député Frédéric-Pierre Vos m’a proposé de venir à Crépy-en-Valois, il m’a dit qu’il y aurait juste quelques adhérents. Vous êtes bien plus nombreux que quelques adhérents.» Vendredi 16 mai, Marine Le Pen, patronne du Rassemblement national, a rendu visite aux adhérents de la circonscription. Elle a profité de sa venue à la journée des fleurs de Chantilly, pour faire un détour par la salle des fêtes de Crépy-en-Valois, où quelque deux cents adhérents l’attendaient.

«C’est un moment d’échange amical, insiste le député Vos. Ce n’est pas un meeting.» Avant de passer le micro à Marine Le Pen : «Ces gens-là ont un cœur incroyable. Bienvenue chez toi, bienvenue chez nous.»

Il fallait être adhérent pour y assister. Au debut, Marine Le Pen devait venir en toute discrétion. Mais l’information de cette réunion s’est ébruitée et il y avait quelques personnes dans la rue. Photo : Oise Hebdo

«Un moment un peu compliqué»

«Le moment est un peu compliqué, dit-elle, au sujet de sa récente condamnation qui pourrait la rendre, malgré son appel, inéligible à la présidentielle 2027. Mais la politique, vous le savez, n’a jamais été un chemin semé de pétales de rose.»

Comme le dit le député de l’Aisne Jocelyn Dessigny : «Il faut se battre maintenant. Car après 2027, il sera trop tard.»

«La situation est compliquée, commence Marine Le Pen. Nous ne pensions pas que la dégradation de notre pays s’accélérerait à cette vitesse vertigineuse. Il y a dix ans, l’agriculture, ça marchait quand même… Aujourd’hui, plus un seul domaine ne fonctionne. Il n’y a pas un seul domaine où il (le président Macron) n’ait pas réussi à gâcher la puissance de notre pays, à invisibiliser son intelligence, à tuer l’énergie des français. Les agriculteurs souffrent toujours d’une concurrence déloyale, de ses normes européennes et de ses “surnormes” françaises, que nos technocrates mettent en place, pour être les meilleurs élèves de la classe. Et tout le monde est en train de mourir.»

Le coût de l’énergie

Le général de Gaulle avait fait le choix d’investir dans le nucléaire, poursuit Marine Le Pen. Ce dont bénéficiaient nos entreprises et nos concitoyens. Aujourd’hui, nos factures ont explosé et n’ont plus aucun rapport avec le tarif de production. On nous a dit qu’il fallait de la concurrence pour faire baisser les prix de l’électricité. Et ils nous ont inventé un système où on a nous a forcés à accepter des concurrents. C’est-à-dire à vendre à des concurrents, à un prix inférieur auquel on produit. Tout cela pour que les concurrents puissent vous revendre leur énergie plus chère que ce que nous vendions lorsque nous étions un monopole. Et sans que ces concurrents n’aient mis un centime dans les infrastructures. Ils arrivent, prennent l’énergie et la revendent beaucoup plus cher. Voici leur technique, qui pousse des entreprises à mettre la clef sous la porte.»

Marine Le Pen, dans l’Oise, peut compter sur une armée de députés RN (6 sur 7). Sur cette photo, il y a aussi des Axonais. Photo : Oise Hebdo

«Ils ont développé des éoliennes, sur terre et en mer. Mais ces énergies sont chères, à cause de ce système où tout le monde est perdant. L’histoire récente de la France n’est qu’une succession d’occasions ratées.» Elle évoque la crise en Ukraine : «Si nous avions eu le même système qu’avant, nous aurions réindustrialisé avec les entreprises qui seraient revenues bénéficier de cette énergie moins chère.»

«L’industrie au niveau zéro»

«C’est l’industrie qui tire les salaires vers le haut, estime Marine Le Pen. Mais on se retrouve avec un taux d’industrie minable : 10% du PIB, c’est derrière la Grèce. On a créé des emplois à bas coût. Mais mini job égale mini salaire égale mini retraite. Tout s’est dégradé : l’industrie, l’agriculture… le niveau de l’enseignement est si bas que l’on va sacrifier une génération entière. On va le payer sur plusieurs décennies.»

L’immigration

«Difficile de faire pire sur l’immigration. Et pourtant… soupire Marine Le Pen. Le président Macron a admis qu’il y avait 500.000 entrées par an, sans compter les illégaux. Comment on les loge, comment on leur dispense un enseignement, on les soigne ? Eh bien, c’est à la place des Français. Et comme ce n’est pas assez, on rajoute des éléments d’attractivité, comme le visa pour soins. Pourtant, on ne peut pas prendre en charge, en France, ceux qui ne bénéficient pas du même système de soins. Et on se retrouve avec des Américains qui viennent pour des greffes d’organes.»

«Mais ce n’est pas assez… Tous les plus 65 ans arrivant de l’étranger pourront toucher le minimum vieillesse. C’est de la folie. Si ça vous paraît dingue, c’est parce que c’est dingue. Pas parce que vous êtes méchant, ou pas inclusif.»

«Le coût de l’immigration»

«Pourquoi font-ils cela ? Mille milliards de dettes en plus pour un seul homme (le président Macron). Alors que la dette covid est minime. Cela suppose de faire des économies ? Mais il ne faut pas dire de gros mot. Eux envisagent de baisser votre système de protection sociale. Les Mozart de la finance sont forts pour nous emmener au fond du trou. Qu’ont-ils fait devant l’effondrement du bâtiment ? Ils ont augmenté la taxation immobiliere. Pour une dépense, un impôt.»

«En réalité, ils ne veulent pas faire d’économies. Rien ne justifie les dépenses d’immigration mais ils ne toucheront pas au coût de l’immigration. On leur dit qu’il y a un éléphant dans le couloir : qui coûte une fortune, en dépenses sociales, en sécurité, en justice… Mais à la fin, ça retombe sur vous.»

Les retraites et l’emploi

Les 1200 agences d’État lui suggèrent cette comparaison : «Notre Etat est comme une tour Eiffel dont tous les boulons sont desserrés. Pourtant, cette menace d’effondrement ne les incite pas à changer. Au contraire, on va inciter les Français à travailler plus. Car selon eux, ils ne travaillent pas assez. C’est malhonnête de vous traiter de fainéants. Donc, on va vous demander de travailler jusqu’à 67 ans. Alors que les entreprises ne recrutent plus les anciens…»

«De l’autre côté, on a obligé les jeunes à faire des études supérieures. Maintenant, un bac +5 se retrouve derrière le comptoir de Macdo. On a menti à ces jeunes en leur promettant une vie aisée grâce aux études. L’âge du premier emploi, c’est 25 ans. Ces jeunes ne gagnent pas leur vie, ne cotisent pas, sont à la charge de leurs parents. Et quand on regarde derrière, on se demande où sont les plombiers, les électriciens… Alors que ce sont des métiers où on gagne bien sa vie.»

«Le tapis rouge déroulé sous les pieds du dirigeant syrien»

«A chaque fois qu’ils touchent à quelque chose, c’est la catastrophe, constate-t-elle. La diplomatie ?On s’est fait virer de partout. Pourtant, ces pays n’en veulent pas à la France, mais à Emmanuel Macron. On a réussi à se fâcher avec le Maroc et l’Algérie en même temps. Dans l’océan Indien, les Comores envoient des ressortissants pour déstabiliser Mayotte. Et pourtant, Emmanuel Macron est aux petits soins pour le président des Comores à qui il a fait un chèque de 350 millions d’euros. L’aide internationale part sans aucun critère.»

Marine Le Pen se dit «sensible aux souffrances des autres pays» mais se dit d’abord «sensible aux malheurs du mien». «Les pays les plus toxiques sont accueillis les bras ouverts, comme le dirigeant syrien, qui s’est dans le passé félicité des attentats du Bataclan, rappelle-t-elle. C’est un islamiste de la pire espèce. Oui, il faut un lien diplomatique, mais on n’est pas obligé de lui dérouler le tapis rouge. C’est un crachat au visage des victimes du terrorisme.»

«Si vous pensez que c’est dingue, c’est parce que c’est dingue, répète-t-elle. Personne ne fait cela. Lui, si.»

La grand-messe du président Macron

«Je me suis fait traiter de tous les noms, juste parce que j’ai dit qu’il n’était pas envisageable que l’Ukraine rentre dans l’OTAN. Et il y a deux jours, le président Macron dit comme moi. Sans expliquer pourquoi il a changé d’avis.»

Sur la possibilité d’un référendum. «D’accord, alors, faisons-le sur l’immigration ? On nous répond “Non c’est pas le sujet”. Qu’est-ce qui l’interdit ? Rien. C’est une question de politique économique et sociale… En Europe, tout le monde serre la vis sur le sujet. En étant le pays le plus laxiste, tout le monde vient. Ce qui va se passer demain sera pire. On ne pas s’habituer à l’insécurité. On se soumet à l’inadmissible. Arrêtez de voter pour les mêmes. La vraie vie, c’est de pouvoir sortir sans insécurité. D’avoir accès à un dentiste sans attendre des mois… On avait la meilleure santé du monde. Pourtant, si vous ne connaissez pas quelqu’un, qui connaît, vous n’aurez pas de rendez-vous avec un spécialiste.»

«Soyez des conseillers municipaux, des maires»

Tout cela n’est pas normal, aux yeux de Marine Le Pen, qui reste optimiste. «Ce que nous vivons est la conséquence de décisions toxiques. Ça ne va pas s’arranger en claquant des doigts. Une partie du gâchis sera définitive. Le but n’est pas de revenir en arrière. Ce n’est pas non plus de continuer comme ça. On doit à nouveau aller vers le haut.»

Elle incite ses militants à s’impliquer localement. «Cette démocratie est un votre joyau. On sera là pour se battre jusqu’à la victoire, avec tous vos députés, qui vous représentent de la meilleure des manières. Je compte aussi sur vous tous pour être des acteurs engagés. Il y a des municipales. Prenez le pouvoir. N’attendez pas que ça vienne d’en haut. Ça commence par là. Vous pouvez avoir le pouvoir en vous engageant sur des listes municipales, en devenant conseillers municipaux…

«Devenez maire, si vous en avez la possibilité. Regardez ce qui se passe dans les mairies RN. Ce n’est pas vrai de dire qu’on ne peut rien faire. Louis Alliot à Perpignan, Julien Sanchez à Beaucaire… On a besoin d’une armée de défenseurs, de gens qui rentrent au combat électoral et politique, pour amener du bons sens, du plomb dans la tête de ceux qui nous dirigent. Pour que notre pays soit le plus haut possible.»

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